« Etablir la paix durablement est le travail de l’éducation »
Il est des femmes inclassables, des femmes dont l’étendue des compétences dépassent l’entendable, rendant toute présentation de la personne quelque peu périlleuse tant l’exercice serait fastidieux. C’est sous l’angle de la femme de paix que ce billet à deux plumes, à l’initiative de Nora, rend hommage à Maria Montessori,
née le 31 août 1870. Première femme médecin en Italie en 1896, elle travaille en psychiatrie auprès d’enfants handicapés. Psychologue et pédagogue, elle crée en 1907, la première maison des enfants.
Ayant solidement établi ses théories sur la base de son expérience pratique, elle développa une véritable philosophie de l’éducation et traça des perspectives nouvelles qui, avec le temps, allaient progressivement révéler leur valeur exceptionnelle. [Avant-propos, Maria Montessori, L’éducation et la paix]
Si la pédagogie active de Maria Montessori est mondialement connue avec ses principes de base telle qu’une approche holistique, un environnement adapté, le respect du rythme de l’enfant, l’accès à l’autonomie, l’autodiscipline et l’expérimentation, sa contribution à la paix, qui lui a valu d’être nominée pour le prix Nobel de la paix, l’est moins.
Une date, un événement ! Une date, un hommage ! 31 Août 1870 – 31 Août 2013, voilà aujourd’hui 143 ans depuis sa naissance, en passant par sa mort en mai 1952, que l’univers a vu parcourir le nom ce cette grande dame, qui d’une manière exceptionnelle, a su impacter son environnement, son temps et qui a sans le savoir confié une mission à la nouvelle génération, celle de semer dans les cœurs des Hommes la Paix.
Mais en fait, que dit la philosophie de Maria Montessori ? Nora et Limoune propose ici et là une réflexion commune pour mettre en lumière la pensée de Maria Montessori en matière de paix, dont la citation «Etablir la paix durablement est le travail de l’éducation. La politique ne peut qu’éviter la guerre.» qui, parmi ses actions et ses œuvres, a retenu notre attention aboutissant à ce billet collectif.
« Politique et paix durable : une terrible illusion d’optique »
Simple à la lecture, cette citation vaut bien plus qu’un simple enchaînement de mots. Profonde de part sa compréhension, cette réflexion met en évidence la cohabitation difficile entre la politique et la paix durable. Il ne s’agit pas pour Maria Montessori d’une recherche de semblant de paix, mais bien plus, d’une Paix durable, d’une Paix effective et consistante. Tâche quasi impossible au monde politique, qui dans ses différentes stratégies n’a cherché depuis toujours qu’à réduire les risques d’implosions. Tout semble à croire que les leaders politiques de par le monde, inavouement, luttent non pas pour une paix durable mais pour une paix de façade tout en entretenant les crises et les conflits de part et là.
Sinon, comment comprendre, que la crise syrienne en soit arrivée à ce stade sans que les acteurs ne soient capables de la résoudre ni de l’anticiper ? Comment comprendre que la plupart des institutions internationales d’édification de la paix, préfèrent investir plus dans la gestion et dans la transformation d’un conflit que de soutenir des actions de prévention de conflits à travers des projets d’éducation à la culture de paix et de la non violence ? Comment comprendre que la consolidation de la paix ne vienne à l’idée qu’après la consommation des dégâts ? Mais au fait, qu’est ce qui justifie une telle réalité ?
Hervé Ladsous, Secrétaire Général Adjoint des Nations Unies chargé des opérations de maintien de la paix, dans une de ses analyses dira que « (…), le maintien de la paix ne peut pas se substituer à un accord politique ».
C’est dire que la consolidation de la paix ne peut en aucun cas être assimilée à un accord politique, qui d’après les expériences peine à aboutir à cause de son caractère imprévisible dû aux intérêts cachés des différentes parties prenantes. La paix doit être avant tout une question de processus, de culture, de conscientisation, d’engagement afin d’espérer un changement réel non pas par la prise de résolutions, ni de multiples dialogues de paix mais par une action concrète de responsabilité à travers une stratégie d’éducation nationale, voir sous régionale et internationale.
Tant que les leaders politiques n’investiront pas assez, en amont pour semer des graines de paix dans les cœurs et les esprits des gens, vaine sera la préservation de cette denrée rare qu’est la paix. « Dire que « la politique ne peut qu’éviter la guerre », a été tout simplement bien dit par Maria Montessori.
« Tout se joue dans l’éducation »
On ne peut correctement traiter la question de paix en se limitant au point de vue, étroit et négatif, hélas trop fréquent en politique, qui consiste à chercher comment éviter la guerre, comment résoudre les conflits entre pays sans recours à la violence. (Maria Montessori, L’éducation et la paix)
La mention « sans recours à la violence » pourrait être retirée tant l’actualité prouve que les politiques semblent faire de la violence un moyen d’atteindre la paix. Appeler « paix » le triomphe des objectifs d’une guerre est un leurre retardant notre parcours vers une paix vraie. Cette paix que nulle guerre ne pourra apporter, que nul gouvernement ne pourra imposer.
La paix ne s’impose pas. Elle se construit. Elle s’apprend. A l’échelle des rapports entre les peuples. Au sein de sa société, mais aussi au sein de son quartier, de sa famille et de sa classe. La paix, que permet la tolérance, cette « capacité à reconnaître que l’autre est à la fois semblable à moi et digne des mêmes égards, et en même temps radicalement différent et digne du même respect, se pose à l’échelle des rapports interindividuels comme à l’échelle des rapports des rapports entre les civilisations et les religions« , s’acquière dans l’éducation.
Changer la représentation du monde, bâtir la fraternité mondiale des croyances, apprendre l’interdépendance qui nous unit et la diversité qui nous enrichit, apprendre la responsabilité : tout cela se joue dans l’éducation. (Maria Montessori, L’éducation et la paix)
Une éducation qui ne doit pas se contenter d’un rôle négatif qui consisterait simplement à confisquer aux enfants les objets de guerre ou de changer la manière dont l’Histoire est enseignée. Le rôle de l’éducation n’est pas d’écarter les risques de guerre, mais de permettre à l’enfant d’analyser les événements contemporains et la structure actuelle de nos sociétés, tout en lui insufflant l’entraide et l’autonomie, au détriment de la compétition, de la récompense et de la punition.
Cette pratique et bien d’autres types de conditionnements qui conduisent à un sentiment d’infériorité, ouvrent la voie à une attitude irréfléchie de respect, presque d’idolâtrie, chez les adultes, paralysés face aux dirigeants publics […] (Maria Montessori, L’éducation et la paix)
Afin de traverser les crises contemporaines, il est urgent d’instaurer une science de la paix, entre expérience et analyse, entre réflexion et action, au cœur du corps éducatif. Mais si l’éducation devrait avoir en charge la transformation d’une société, le progrès social ne pourrait être atteint sans coopération.
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