La Constitution ne reconnait pas la diversité des figues tunisiennes
Racisme. Rejet de l’Autre. Discriminations. Pour une fois, du côté de chez moi, le sujet a pas mal été relayé. Alors, face à la question commune « Qu’est-ce-qui peut désunir une diversité ? » proposée par Danielle aux mondobloggueurs, Limoune – ليمون s’intéresse à son assiette de figues tunisiennes.
Ces jours-ci, à ma grande joie, médias et twittosphère tunisienne ont su se faire le relais de discriminations ciblées et de revendications minorées. Le 1er mai, lors de la fête internationale du travail, les Noirs tunisiens scandaient « Tunisie libre, racisme dehors » […]
Manifestation contre le racisme anti-Noirs devant l’Assemblée constituante #Tunisie (vidéo) radioexpressfm.com/regarder/la-co… @radioexpressfm
— Inès Bel Aïba (@InesBelAiba) 1 mai 2013
[…] pendant que les Berbères s’affichaient au cœur de la manifestation des travailleurs et des diplomés-chomeurs avec le drapeau Amazigh […]
Drapeau amazigh parmi les manifestants du 1er mai devant l’Assemblée au Bardo #Tunisie facebook.com/photo.php?fbid…
— Ines Fezzani (@TunisianAmazigh) 2 mai 2013
[…] et que les premières figues pointaient leurs nez dans le champ de mon grand-père paternel. Les bourjassottes noires montraient enfin leurs formes violettes tandis que les blanches, en général plus précoces, affichaient déjà leur couleur verte en avril.
A partir de la mi-juillet, au petit déjeuner, bourjassottes noires et blanches rempliront mon assiette. Et, elles la rempliront inégalement. Chaque été, les figues vertes dominent mon assiette.
C’est d’ailleurs l’argument récupéré par ceux qui délaissent la violette. Par ceux qui lui préfèrent la verte, la « normale » , la dominante qui impose sa norme. Par ceux qui se rabattront sur la flasque, la molle, puis la métisse et parfois même la violette quand toutes les vertes auront trouvé leur place dans l’estomac des membres du foyer.
La Constitution ne me représente pas
La Constitution, son brouillon, ne mentionnera pas la bourjassotte noire, ni la berbérophone, ni tout autre figue minorée. Son brouillon vous dira qu’il ne se préoccupe pas non plus de la bourjassotte blanche, la « normale », la dominante, parce qu’il n’est question, vous dira-t-il, que de figues ! Les bourjassottes minoritaires sont des figues comme les autres. Il n’y a pas de discrimination entre les figues.
Les bourjassotes minortaires ont raison de s’inquiéter. Après la révolution, elles ont enfin pu se constituer en association et revendiquer leur besoin d’exister, d’être protégées. Mais cette même révolution a vu tolérance et modération s’étouffer.
La religion de la Tunisie est l’Islam et sa langue arabe. Certes ! Nier les autres composantes de la Tunisie, c’est leur refuser reconnaissance, droits et protection. Certes !
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